Quelle belle journée, le public debout lui fit une ovation en secouant les mouchoirs qu'il avait fournis pour la faena aux arènes de Nîmes. Il est sans doute utile de préciser qîue la faena est le troisième mois d'une suspension de rouler-bourré, il s'agit donc de la préparation de l'estocade.
Quelque temps auparavant, lors de la feria des vendanges, il avait décidé de préparer une brandade de morue. Faire la morue pas la guerre s'était-il dit, voilà qui soulage sans broyer du noir alors qu'il était au creux de la vague. Parvenu dans la cité Romaine il fit dessaler la morue dans un bar en la faisant tremper dans du vin, première erreur, avant de préparer la brandade, en changeant régulièrement de cépage. Sa seconde bêtise fut d'oublier les patates, il en manquait faut dire, de les écraser à la fourchette en ajoutant l'ail pilé et le persil haché et, à la manière de la mayonnaise, de verser petit à petit l'huile d'olive, comme lui avait indiqué Danielle du marché de la ville. Autant dire tout de suite que Fany, la morue avinée du bar, appela la Maréchaussée qui le mit à pied pour un automne entier.
C'est ainsi que par un jour d'hiver, après avoir acheté mille mouchoirs de Cholet, il fit appel aux services de J.P. Hubert des Rives du Léz pour le conduire à la fameuse faena prescrite par un gaillard monstrueux de l'amère Maréchaussée.
Et là, se produisit l'invraisemblable, le matarieutor loin de déclencher une énorme bronca préfectorale, obtint une oreille et la queue du taureau et reçut l'ovation du procureur et du public debout.
La préfectorale râle et le procureur n'en n'a cure, question de recettes sans doute. Recette de brandade. Le Seigneur des armées de policiers la prépare avec toutes les arêtes préfectorales, des kilos de vino sans adjonction d'huile et, en horrible pécheur, rajoute trois mois de sel ! Alors que le tribunal, avec discernement, pardonne aux deux-tiers la bévue du coupable et change le vin en eau, puis il extrait la morue avant de l’écraser avec une fourchette en enlevant soigneusement les arêtes ! Il la pile finement en ajoutant un peu d'huile et de lait, une légère amende jusqu'à obtenir une sanction raisonnable.